« J’espère que vous n’avez pas oublié votre appétit », déclare Johann Booyens, sourire aux lèvres, alors qu’il accueille les invités à son restaurant, Die Strandloper.
On distingue aisément les habitués. Ils sont déjà en train de desserrer leur ceinture, de se déchausser et de sortir des bouteilles de bière des glacières qu’ils ont apportées. Quant aux nouveaux, ils prennent un peu plus leur temps pour s’imprégner de l’atmosphère décontractée de ce restaurant en plein air.
Les personnes qui se retrouvent à cet endroit pour la première fois, sur une plage pittoresque à quelques pas de l’océan, ont tendance à rester debout, se demandant si l’ensemble de cabanes délabrées et de bancs en bois surplombés par quelques filets de pêche est bel et bien le lieu qui accueille l’un des restaurants de fruits de mer les plus appréciés du Cap-Occidental.
« Mais où est la cuisine? » se demandent les invités, perplexes. M. Booyens rit et pointe vers les fours en argile et les foyers extérieurs recouverts de grilles. « De quoi d’autre pourriez-vous avoir besoin? » demande-t-il.
Die Strandloper est situé à quelques pas de l’océan, sur une plage charmante, dans la ville côtière de Langebaan, à environ 90 minutes de Cape Town, en Afrique du Sud. Alors qu’un vrai repas de la ferme à la table est un plaisir, un souper de l’océan à la table avec des poissons pêchés localement est un régal encore plus rare, particulièrement en raison des vues panoramiques sur l’océan.
Les convives savourent des fruits de mer sud-africains authentiques, c’est-à-dire du braai, le mot afrikans pour barbecue, au cours duquel on sert dix services copieux qui mettent en vedette certains des plats les plus populaires en Afrique du Sud. On sert du snoek, un poisson blanc, et du bredie, un ragoût traditionnel d’agneau avec des oignons et des tomates. Mais rien n’est cuisiné à l’avance. Au restaurant Die Strandloper, un repas dure, en moyenne, quatre heures.
Le premier service comprend des moules fraîches et du pain, que l’on cuit côte à côte sur des braises. Les gens font la queue avec leurs assiettes en papier, alors que les mères avertissent en chœur les enfants de ne pas toucher aux grilles chaudes. Les arômes alléchants du pain fraîchement cuit entraînent les invités à prendre plus de tranches qu’ils ne devraient, s’ils veulent garder de la place pour les neuf autres services. Après le pain, c’est au tour des weskus haarders, de petits poissons locaux, suivis d’un curry de poisson épicé et de snoek à la chair floconneuse. Viennent ensuite le ragoût d’agneau, le poisson-ange salé et les langoustes juteuses.
Le maillot de bain est la tenue de prédilection, et les animaux sont également les bienvenus, mais on ne plaisante pas avec la nourriture.
Les invités font attention à leur rythme pour pouvoir se rendre jusqu’à la fin du repas. Pendant les pauses entre certains services qui permettent au personnel de préparer les plats, les invités peuvent se promener le long des vagues et profiter des vues ou se baigner. Les habitués s’allongent sur les bancs pour une sieste éclair.
Se rendre jusqu’à la fin du repas est un triomphe. Du café et des koeksisters, de la pâte frite avec du miel, récompensent ceux qui ont eu le courage de se rendre jusqu’à la fin du festin.
Alors que le repas tire à sa fin, les invités profitent d’une deuxième tasse de café et se délectent de l’écume des vagues chaudes de l’Afrique du Sud entre leurs orteils. Le doux son des vagues qui se brisent contre la plage vient clore à merveille ce repas extraordinaire.